Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/224

Cette page n’a pas encore été corrigée

titres ? J’y trouve mon nom, le domaine est à moi ; tout domaine m’appartient quand il porte mon nom. Change-t-il jamais ses titres ? Le titre d’autrefois est le titre d’aujourd’hui ; l’héritage peut changer de maître et non de titre. De même, quand ceux qui ont reçu le baptême du Christ reviennent à l’unité, nous ne changeons pas les titres, nous ne les effaçons point ; mais nous reconnaissons les titres de notre roi, le nom de notre prince. Que disons-nous ? Héritage infortuné, sois le domaine de celui dont tu portes les titres ; tu portes le nom du Christ, ne sois donc pas l’héritage de Donat.
32. C’est beaucoup nous étendre, mes frères ; mais gardez-vous d’oublier ce que nous avons lu. Je vous le répète, et il faut souvent le redire ; au nom de ce jour sacré, ou plutôt, des mystères que l’on y célèbre, je vous en supplie, n’oubliez pas ces paroles : « Toutes les nations de la terre se souviendront du Seigneur et se tourneront vers lui. Tous les peuples de la terre se prosterneront en sa présence. L’empire est au Seigneur, et il dominera les peuples ». En face d’un titre si clair, si authentique de la possession du Christ, fermez l’oreille aux paroles d’un imposteur. Toute contradiction est la parole d’un homme, ceci est la parole de Dieu.


DISCOURS SUR LE PSAUME 22

LES PÂTURAGES DU SEIGNEUR.

L’Église par la bouche du Prophète s’applaudit d’être le troupeau que dirige la houlette du bon pasteur, qui la conduit dans les pâturages sacrés de l’Eucharistie.

PSAUME POUR DAVID.


1. C’est l’Église qui s’adresse au Christ « Le Seigneur me dirige et rien ne me manquera[1] ». Le Seigneur Jésus est mon pasteur, et je ne manquerai de rien.
2. « Il m’a placé dans un lieu de pâturage[2] ». Il m’a placé, pour me nourrir, dans ce lieu de pâturage qui commence par me conduire à la foi. « Il m’a entretenu le long des eaux salutaires ». Il m’a fait grandir par les eaux du baptême, qui rendent la force et la santé à ceux qui ont langui.
3. « Il rend la force à mon âme, et me fait marcher dans les sentiers de la justice, pour la gloire de son nom[3] » Il m’a conduit dans les sentiers étroits de sa justice, où peu savent marcher ; non point à cause de mes mérites, mais pour la gloire de son nom.
4. « Quand même je marcherais au milieu des ombres de la mort ». Dussé-je marcher au milieu de cette vie, qui est l’ombre de la mort. « Je ne craindrai aucun mal, parce que vous êtes avec moi[4] ». Je ne craindrai aucun mal, parce que vous habitez dans mon cœur par la foi, et maintenant vous êtes avec moi, afin qu’après les ombres de la mort, je sois avec vous. « Votre verge et votre houlette, voilà ce qui m’a consolé ». Votre discipline est pour moi comme la verge qui ramène les brebis au bercail, comme la houlette qui se fait sentir aux enfants plus avancés, qui passent de la vie animale à la vie spirituelle ; loin de m’affliger, elles m’ont consolé, puisque vous prenez soin de moi.
5. « Vous avez préparé, sous mes yeux, un banquet, à l’encontre de ceux qui me persécutent[5] ». Après la verge qui maintenait, dans le bercail et dans les pâturages, mon enfance et ma vie animale, après cette verge est venue pour moi la houlette, et alors vous avez préparé un festin sous mes yeux, afin que le lait de l’enfance[6] ne fût plus mon aliment,

  1. Ps. 22,1
  2. Id. 2
  3. Id. 3
  4. Ps. 22,4
  5. Id. 5
  6. 1 Cor. 3,2