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43. « Je les disperserai comme la poussière qu’emporte le vent[1] ». Je les réduirai en poussière, car ils sont desséchés, n’ayant point reçu la rosée des divines miséricordes ; et alors soulevés et enflés par l’orgueil, ils perdent l’inébranlable solidité de l’espérance, comme on est parfois secoué de dessus la terre qui est stable et ferme. « Je les détruirai comme la boue des rues ». Dans ces voies larges que suit le grand nombre, je ferai glisser, pour les perdre, les hommes de la luxure.
44. « Vous me délivrerez des contradictions du peuple[2] », c’est-à-dire des contradictions de ceux qui disent : « Si vous le renvoyez, chacun va le suivre[3] ».
45. « Vous m’établirez chef des nations, et voilà qu’un peuple que je n’avais pas connu, se range sous mes lois[4] ». Ce peuple des Gentils que je n’ai point visité d’une manière corporelle, s’est rangé à mon culte. « Il m’a obéi quand il a entendu ma voix ». Il ne m’a point vu des yeux ; mais en accueillant mes prédicateurs, il a obéi à l’appel de ma voix.
46. « Les fils de l’étranger ont menti contre moi[5] ». Des enfants, indignes de ce nom, ou plutôt des étrangers, à qui il est dit à juste titre : « Vous avez le diable pour père[6] », ont menti contre moi. « Ces enfants étrangers ont vieilli ». Ces fils, devenus étrangers, que je voulais rajeunir en leur apportant le Nouveau Testament, sont demeurés dans le vieil homme. « Ils ont chancelé dans leurs voies ». Faibles sur un seul pied, parce qu’ils tenaient l’Ancien Testament, ils ont méprisé le Nouveau, et sont devenus boiteux ; et même dans l’ancienne loi, ils suivaient plutôt leurs traditions que celles de Dieu. Ils faisaient un crime de ne point se laver les mains[7] ; telle était, en effet, la voie qu’ils s’étaient eux-mêmes tracée, qu’une longue habitude avait battue, loin du sentier des préceptes du Seigneur.
47. « Vive le Seigneur, et béni soit mon Dieu[8] ». C’est mourir que vivre selon la chair[9] ; car le Seigneur est vivant, et mon Dieu est béni. « Qu’il soit exalté, le Dieu de mon salut ». Que je n’aie pas sur le Dieu de mon salut des pensées trop terrestres ; que je n’attende point de lui un salut temporel, mais bien des choses célestes.
48. « C’est vous, ô Dieu, qui savez me venger, et qui m’assujettissez les peuples[10] ». C’est me venger, ô Dieu, que de les assujettir à mon joug. « Vous me délivrerez de ces ennemis furieux » ; de ces Juifs qui crient : « Crucifiez-le, crucifiez-le[11] »,
49. « Vous m’élèverez au-dessus de ceux qui se révoltent contre moi[12] ». Vous m’élèverez par la résurrection au-dessus de ces Juifs qui persiflent mes douleurs. « Vous me sauverez de l’homme injuste », de leur inique domination.
50. « C’est pour cela, Seigneur, que je vous bénirai parmi les nations[13] ». C’est par moi, Seigneur, que les nations vous béniront comme leur Dieu. « Je chanterai votre nom ». Mes bonnes œuvres vous feront connaître au loin.
51. « Il célèbre le salut du roi qu’il a choisi[14] ». C’est Dieu qui nous fait admirer ces moyens de salut, que donne son Fils à ceux qui croient en lui. « Il fait miséricorde à son Christ ». C’est Dieu qui fait miséricorde à celui qui a reçu l’onction, « à David et à sa race dans l’éternité[15] », à ce libérateur dont la main puissante a vaincu le monde, et à ceux qu’il a engendrés à l’éternité par leur foi à l’Évangile. Toutes les paroles de ce psaume, qui ne pourraient s’approprier à Jésus-Christ ou au Chef de l’Église, doivent se rapporter à l’Église elle-même. Ces paroles sont de Jésus-Christ tout entier, de Jésus-Christ uni à ses membres.

  1. Ps. 17,43
  2. Id. 44
  3. Jn. 11,48
  4. Ps. 17,45
  5. Id. 46
  6. Jn. 8,44
  7. Mt. 15,2
  8. Ps. 17,47
  9. Rom. 8,6
  10. Ps. 17,48
  11. Jn. 19,6
  12. Ps. 17,49
  13. Id. 50
  14. Id. 51
  15. Id. 52