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l’Esprit du Père et du Fils ; chacun deux est Dieu et tous trois ne sont qu’un seul Dieu. Pénétrez vos cœurs de cette croyance et qu’elle inspire votre profession de foi. En entendant ce mystère, croyez-le pour arriver à le comprendre, car en progressant vous pourrez comprendre réellement ce que vous croyez.

11. Pour la sainte Église, votre mère, laquelle est comme la Jérusalem céleste, la cité sainte de Dieu, honorez-la, aimez-la, louez-la. C’est elle qui porte des fruits et qui se développe dans le monde entier en y répandant cette foi que je viens d’expliquer[1]. C’est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité[2] ; laquelle néanmoins souffre, que les méchants, dont elle est séparée par la différence des mœurs et qui seront à la fin séparés complètement d’elle, participent aux sacrements. En faveur du froment qui gémit dans son sein au milieu de la paille et qui au moment où apparaîtra le grand Vanneur, se montrera si digne d’être placé au grenier, elle a reçu les clefs du royaume des cieux, afin de pouvoir, par les mérites du sang de Jésus-Christ et par l’opération de l’Esprit-Saint, remettre les péchés : Dans cette Église pourra donc revivre l’âme a qui le péché avait donné la mort, pour ressusciter avec Jésus-Christ, dont la grâce fait notre salut.

12. Nous ne devons pas douter non plus que cette chair mortelle elle-même ne doive ressusciter à la fin des siècles. « Il faut, en effet, ça que ce corps corruptible se revête d’incorruptibilité, et que mortel il se revête d’immortalité. On le sème dans la corruption, il lèvera dans l’incorruption ; on le sème dans l’abjection, il lèvera dans la gloire ; on le sème corps animal, il lèvera corps spirituel[3] ». Telle est la croyance chrétienne, la croyance catholique, la croyance apostolique. Ayez foi au Christ quand il vous dit : « Pas un cheveu ne tombera de votre tête[4] » ; et repoussant toute idée, de doute, songez plutôt combien vous valez. Qu’est-ce en effet que notre Rédempteur pourrait dédaigner de ce qui nous appartient, quand il ne saurait être indifférent à un seul de nos cheveux ? Comment encore pourrions-nous hésiter de croire qu’il communiquera a notre âme et à notre corps l’éternelle vie, quand pour l’amour de nous il a pris une âme et un corps afin de pouvoir mourir, quand il a quitté son corps en mourant et qu’il l’a repris pour ôter à la mort ses terreurs ? Je viens, mes frères, d’exposer à votre charité, dans la faible mesure de mes forces, ce qui est contenu dans le Symbole. Ce pont désigne le pacte sur lequel est établie notre société, et en le professant on donne un signe qui fait reconnaître qu’on est chrétien et fidèle. Ainsi soit-il.


SERMON CCXV. EXPLICATION DU SYMBOLE. IV

ANALYSE. – Environ huit jours après avoir donné le Symbole à apprendre aux Catéchumènes, on les réunissait pour le faire réciter à chacun d’eux, en particulier. C’est dans une de ces assemblées que saint Augustin prononça le discours suivant. Le lecteur remarquera que le grand Docteur s’attache moins à expliquer chaque détail du Symbole qu’à faire sentir la beauté et la vérité de ce qu’il contient.

1. Le Symbole du saint témoignage qui vous a été donné à tous ensemble et que vous avez récité aujourd’hui chacun en particulier, est l’expression de la foi de l’Église notre mère, foi établie solidement sur le fondement inébranlable, sur Jésus-Christ Notre-Seigneur. « Nul en effet ne saurait poser d’autre fondement que le fondement établi, le Christ

  1. Col. 1, 6
  2. 1Ti. 3, 15
  3. 1Co. 15, 53.42-43
  4. Luc. 21, 18