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justice a regardé du haut du ciel » ; car « l’homme ne peut rien recevoir qui ne lui ait été donné du ciel [1] ».

3. « Ainsi donc justifiés par la foi, ayons la paix avec Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur ; par qui aussi nous avons accès à cette grâce où nous sommes établis et où nous nous glorifions dans l’espoir de la gloire de Dieu [2] ». Vous reconnaissez avec moi, mes frères, ces quelques paroles de l’Apôtre. J’aime d’en rapprocher quelques paroles aussi du psaume que nous citons et de découvrir le rapport qui les unit. « Justifiés par la foi, soyons en paix avec Dieu » ; c’est que « la justice et la paix se sont embrassées. – Par Jésus-Christ Notre-Seigneur » ; car « la Vérité s’est levée sur la terre. – Par qui aussi nous avons accès à cette grâce où nous sommes établis, et où nous nous glorifions dans l’espoir de la gloire de Dieu ». Il n’est pas dit : De notre gloire, mais : « De la gloire de Dieu ». Aussi ce n’est pas de nous que vient la justice ; « elle a regardé du haut du ciel ». – De là vient « que celui qui se glorifie doit se glorifier dans le Seigneur ». C’est pourquoi lorsque la Vierge eut donné naissance au Seigneur dont nous célébrons aujourd’hui la Nativité, les anges chantèrent cet hymne : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre au hommes de bonne volonté [3] ». Eh ! d’où vient cette paix donnée à la terre, sinon de ce que « la Vérité s’est levée sur la terre » ; de que le Christ a reçu une naissance charnelle ? Et « c’est Lui qui est notre paix, puisque de deux choses il en a fait une [4] » ; en nous rapprochant par les doux liens de l’unité, pour faire de nous des hommes de bonne volonté. Ah ! réjouissons-nous de cette grâce, afin de mettre notre gloire dans le témoignage de notre conscience ; afin de nous y glorifier, non pas en nous, mais dans le Seigneur. Voilà pour quoi il est écrit : « C’est vous qui êtes ma gloire et qui m’élevez la tête [5] ». Dieu lui. même pouvait-il faire briller à nos yeux une grâce plus généreuse ? Il n’a qu’un Fils unir que et il fait de lui un Fils de l’homme, afin d’élever le Fils de l’homme jusqu’à la dignité, de Fils de Dieu ! Cherche ici quel est notre, mérite, quelle est notre justice, quel motif détermine le Seigneur : découvriras-tu autre chose que sa grâce ?


SERMON CLXXXVI. POUR LE JOUR DE NOËL. III. LE FILS DE DIEU DEVENU FILS DE L’HOMME.

ANALYSE. – De ce qu’en s’incarnant le Verbe de Dieu n’a rien perdu de ce qu’il était, plusieurs concluent qu’on ne peut dire que le Fils de Dieu soit devenu Fils de l’homme. Ils se trompent, malgré la droiture de leurs intentions, et cette manière de parler est conforme au langage habituel des Écritures.

1. Réjouissons-nous, mes frères ; que les peuples tressaillent de bonheur et d’allégresse. Ce n’est pas ce soleil visible, mais son invisible Créateur qui a fait pour nous de ce jour un jour sacré ; quand devenu visible pour l’amour de nous, l’invisible Créateur de sa mère est né de son sein fécond sans aucune atteinte à sa pureté virginale ; car elle est restée Vierge en concevant son Fils, Vierge en l’enfantant, Vierge en le portant, Vierge en le nourrissant de son sein, Vierge toujours. Pourquoi t’étonner de ceci, ô mortel ? Il fallait qu’en daignant se faire homme Dieu na. quît de cette sorte, et qu’il formât ainsi Celle qui devait lui donner le jour. En effet, il était avant de naître, et avec sa toute-puissance, il

  1. Jn. 3, 27.
  2. Rom. 5, 1, 2.
  3. Luc. 2, 14.
  4. Eph. 2, 14.
  5. Psa. 3, 4.