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êtes exposé à recevoir une de ces pluies comme il en tombe dans les montagnes : c’est double bénéfice. Il faut dire cependant que les bains sont passablement organisés. En revanche rien n’est plus curieux que les logements. Radna manque d’auberges, comme tous les villages transylvains. On doit donc s’installer dans les chaumières basses des paysans, qui pendant ce temps vont se nicher Dieu sait où. La première famille qui arrive s’empare de la maison du pope, c’est-à-dire de la plus grande. Celles qui suivent, s’imaginant qu’elles devancent toutes les autres, s’arrêtent à leur tour devant cette porte enviée ; mais un coussin, un tapis, le premier objet qu’on aperçoit, indique assez que la bienheureuse maison est occupée. On bat en retraite, on regarde de côté et d’autre la chaumière qui a le plus d’apparence, on hésite long-temps, enfin l’on fait son choix. Quelquefois les paysans possèdent quelques escabeaux. D’ordinaire on improvise des sofas en couvrant de châles et de tapis les coffres peints des Valaques. Il va sans dire que tout cela se fait le plus joyeusement du monde, et pour le plus grand bonheur des montagnards, qui y trouvent leur profit. Lorsque chacun a arrangé sa tente, les visites commencent, puis les dîners, les concerts. La meilleure bande de Gitanes arrive. On se donne des bals, on entend les valses nouvelles, et on cause des modes et des chambres françaises dans ces chaumières, qui, peu de jours avant, habi-