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était plus prudent de les abattre que de s’affaiblir en y mettant garnison. Les Turcs agissaient de même. Comme ils ne paraissaient dans le pays que par intervalles, et qu’ils ne cherchaient pas à s’y installer, loin de se fortifier dans les places prises, comme font d’ordinaire les envahisseurs, ils les démantelaient pour ne les pas retrouver à la première invasion. On peut donc s’expliquer pourquoi il ne reste qu’un très petit nombre de vieux édifices en Hongrie, eu égard à la quantité de châteaux qui hérissaient le sol. Cependant, quoique les ruines soient rares, l’intérêt historique n’est pas diminué. Je ne sais même s’il n’en est pas accru. On aime sans doute à contempler les restes imposants d’un majestueux édifice, autour duquel on évoque de grands souvenirs ; mais peut-être le sentiment de respect que l’on éprouve en face du passé prend-il plus de force quand, à la place du glorieux monument dont on vient de lire la description dans une vieille chronique, on trouve quelques pierres noircies que le laboureur vient heurter de sa charrue à chaque nouveau sillon.

Un des châteaux les plus remarquables qui subsistent encore est sans contredit celui de Véts. Sa position est magnifique, et du pied des murs on aperçoit le plus riant paysage. Il commande une belle vallée, où s’agitent les tiges dorées du maïs. Des montagnes pittoresques bornent au loin la vue : l’une d’elles doit à sa forme particulière le nom expressif de « siège de Dieu »,