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ration à l’autre. Ce ne sont pas les Hongrois qui les exécutent, mais les Bohémiens, ces artistes ambulants qui portent leurs talents de village en village. Cela peut paraître étrange, mais rien n’est plus naturel. Pour le Hongrois, écouter la musique nationale est une affaire sérieuse. Il se fait jouer ses airs favoris et songe aux anciens jours ; il a bien assez à faire de penser. Dans toute la Hongrie on rencontre des bandes de Bohémiens qui n’ont d’autre occupation que d’exécuter « les hongroises ». Originairement ces airs étaient joués sur le tárogató. C’est un instrument de bois, de la longueur d’un pied, terminé par une embouchure de paille, et dont le son rappelle celui du hautbois. Suivant toute probabilité, il a été apporté d’Asie. C’est au son du tárogató que s’assemblait et marchait la population, quand la révolte avait été décidée. Aussi, après la pacification, les Autrichiens, qui connaissaient bien cet instrument, mirent-ils tout en œuvre pour le faire disparaître. Ils brûlèrent tous ceux qui leur tombaient sous la main, et menacèrent les artistes populaires. Aujourd’hui personne ne sait jouer du tárogató, et il ne reste en Transylvanie qu’un seul instrument ; encore le seigneur qui le possède a-t-il été le chercher en Moldavie.

Les mélodies hongroises, ou plutôt, pour me servir de l’expression consacrée, « les hongroises », se jouent par milliers dans le pays. Il n’est pas de village qui