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tres, d’où ils ne ressortaient plus. La famille éteinte, les domaines servaient à acheter des partisans.

Certes il n’en fallait pas tant pour irriter le peuple : il se révolta à l’exemple de la noblesse. Les choses en vinrent à ce point, que les Hongrois acceptèrent sans répugnance les secours des Turcs, leurs irréconciliables ennemis. Il est vrai qu’à cette époque la puissance ottomane n’était plus redoutable pour la chrétienté : la France était dès lors en bonne intelligence avec les sultans. Quand la Hongrie entière n’était pas en feu, il se trouvait toujours un comitat, une ville, qui s’insurgeait pour son compte. Dès que le bruit de la prise d’armes se répandait dans les campagnes, le paysan quittait sur l’heure sa charrue, et, sans descendre de cheval, courait rejoindre les plus intrépides, qui déjà harcelaient l’ennemi. Ce n’était pas seulement la haine de l’Autrichien qui le poussait : il se sentait aussi entraîné par son humeur belliqueuse ; c’était un peu « une affaire de goût », et l’occasion de décrocher le sabre était trop bonne pour qu’il y pût résister.

Il est évident qu’avec de semblables conditions la Hongrie était toujours ou révoltée ou à la veille d’une révolte. Une levée de boucliers était un événement fort naturel : il ne fallait qu’un chef au peuple. C’est là l’erreur des historiens impériaux, qui s’obstinent à traiter de conspirateur le prince François Rákótzi.

Issu d’une famille illustre qui régna sur la Transylva-