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danger que de risquer de passer sous la domination ottomane ; mais c’était toujours un danger. Elle n’en comprit bien la gravité qu’en voyant les nouveaux souverains à l’œuvre. Ceux-ci n’eurent pas plus tôt mis la main sur la Hongrie, cette Hongrie jusque là insaisissable, qu’ils s’imaginèrent la tenir par droit de conquête. Ils inondèrent le pays de troupes allemandes, malgré les capitulations faites ; ils confièrent à des étrangers le commandement des villes et des forteresses ; loin de mettre la Hongrie à couvert des invasions, ils faisaient la guerre aux Turcs mollement, sans chercher à remporter de grands avantages, et, dès qu’une bataille était gagnée, se hâtaient de conclure la paix, pour que le péril d’une irruption ottomane fût toujours menaçant au dessus des Hongrois. Cette vaillante noblesse, qui soutenait à ses frais des guerres séculaires, fut politiquement abandonnée. On la laissa périr aux portes du royaume. Alors succomba dans son château de Szigeth l’héroïque Nicolas Zrinyi, victime dévouée d’avance à la vengeance des Turcs par l’astuce cruelle de Maximilien. Quand les seigneurs hongrois commencèrent à voir clair dans cette politique ténébreuse, ils se souvinrent de cette antique loi qui autorisait le sujet à porter les armes contre le prince qui violait les droits de la nation. Ils s’insurgèrent. Assiégés dans leurs forteresses, ils furent décapités ou exilés ; leurs enfants, amenés à Vienne, étaient gardés dans des cloî-