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monie du couronnement. Dans cette circonstance on ne vit figurer aucun ministre étranger, car le prince Rákótzi, pour tous les souverains de l’Europe, n’était qu’un rebelle. Louis XIV osa seul le traiter en prince, et l’ambassadeur de France, le marquis Désalleurs, dans une audience solennelle, lui adressa des félicitations au nom du roi son maître.

Sans doute l’appui de la France était d’un grand secours pour les Révoltés ; mais ce qui devait plus encore assurer leur triomphe, c’était le généreux enthousiasme qui les animait. Rákótzi raconte quelque part que les mères, les épouses, les sœurs, lui amenaient en foule leurs fils, leurs maris et leurs frères. Ceux-ci accouraient spontanément, mais les femmes venaient les offrir ; il leur semblait qu’elles combattaient aussi. Pour comprendre cet élan de tout un peuple, il faut se rappeler quelle avait été la politique suivie par les empereurs à l’égard de la Hongrie.

Les princes autrichiens convoitèrent la couronne de saint Étienne durant tout le moyen âge. Ils eurent la patience d’attendre cinq siècles ; et leurs prétentions, toujours repoussées, l’emportèrent à la longue. Ce résultat était inévitable. Même à l’époque où on voit le royaume de Mathias Corvin jouer en Europe le principal rôle, on pressent que tôt ou tard il deviendra la proie de ce petit état voisin qui semble près de disparaître. C’est que le sort de la Hongrie était remis en