Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Depuis la défaite des Français à Hochstedt, qui lui ôtait tout espoir de jonction avec l’électeur de Bavière, Rákótzi avait perdu confiance et continuait la lutte sans trop compter sur le succès. Cependant il se garda bien de communiquer ses craintes aux Hongrois. Il saisit au contraire toutes les occasions de relever leur courage ; et, dans le cérémonial de son couronnement, il eut soin qu’on observât les vieilles coutumes, pour que le souvenir des anciens jours animât le peuple d’un nouvel enthousiasme.

« On dressa donc, écrit le prince dans ses Mémoires, un théâtre élevé de plusieurs marches, en pleine campagne, devant la ville, sur lequel mon premier aumônier mit un autel avec un crucifix. Les États, à cheval, vinrent au devant de moi. Ils voulurent mettre pied à terre ; mais je leur fis représenter que cela ne convenait pas avant mon intronisation, à moins que je ne fisse de même. Voilà pourquoi en Hongrie on dresse des tentes, dans les lieux où l’on doit recevoir le roi élu, où il met pied à terre, et on le harangue dans la tente. Je leur fis connaître que c’est une des prérogatives des États, qui ne connaissent la qualité de maître dans leurs princes qu’après qu’il a juré l’observance des lois et des conditions que les États lui proposent. J’eus plusieurs occasions pareilles de leur dessiller les yeux. Ils me donnèrent le surnom de Père de la patrie : je puis dire qu’il convenait aux sentiments intérieurs que j’a-