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fixer, de temps à autre, le lieu et l’époque où la Table doit entrer en fonctions. Marie-Thérèse décida en 1741 qu’elle siégerait continuellement, et lui donna pour résidence la ville de Vásárhely.

La salle des séances est fort simple. Un nombre considérable de jeunes gens occupent, comme stagiaires, des gradins placés au fond. Les magistrats sont assis autour d’une table. Tout le monde porte le costume hongrois et le sabre. Lorsque la séance est levée, chacun dépose son arme à sa place, pour la retrouver le lendemain. Les débats ne sont pas publics ; aussi la salle était-elle vide quand j’y entrai. La table et les gradins étaient couverts de codes, et les murs tapissés de sabres. Je ne saurais dire pourquoi cette vue me séduisit tout d’abord. Il me sembla heureux que des juges s’animassent de l’esprit militaire, qui donne de l’élévation et entretient le sentiment de l’honneur.

Au siècle dernier, Vásárhely a été témoin d’un événement mémorable qui semblait destiné à changer la face du pays. C’est là qu’en 1707 François Rákótzi fut proclamé prince souverain de Transylvanie. Dès le commencement de l’insurrection, les États de cette province, rompant le lien qui l’unissait à l’empereur d’Autriche, conférèrent unanimement à Rákótzi la dignité de prince. Mais le chef des Révoltés se vit retenu en Hongrie par les soins de la guerre, et ce fut deux ans après son élection qu’il se présenta aux Transylvains.