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aura peut-être oublié le service qu’il m’a rendu ; c’est à moi de m’en souvenir, et j’aime à le remercier ici de son infatigable obligeance. Je nommerai encore le professeur de physique et de chimie, M. Bolyai. C’est un petit vieillard d’une jeunesse d’esprit et d’une vigueur extraordinaires. Il a étudié, je crois, dans toutes les universités de l’Europe, à toutes les époques, et il est toujours venu rapporter à sa patrie la science qu’il avait acquise. Placé au milieu d’hommes de sa portée, dans un pays de ressources, M. Bolyai eût compté parmi les savants. Isolé, perdu, dans une petite ville reculée, hors d’état même, faute d’argent, de faire toutes les expériences nécessaires à son cours, borné enfin et comprimé de toutes manières, il est réduit, pour occuper son esprit actif, à faire je ne sais combien d’inventions étonnantes. Il se chauffe, s’éclaire, se voiture, d’après des procédés économiques qui ne sont qu’à lui. En écoutant ses explications, je me demandais pourquoi les circonstances extérieures influent tellement sur le sort d’un homme.

Le collège de Vásárhely compte trois cents ans d’existence. Il fut fondé d’abord en Hongrie, à Sáros Patak, vers 1550. Protégé par les seigneurs du lieu, il prit une grande extension en 1611, quand George I Rákótzi en devint le protecteur. Son fils George II étant mort, le collège déclina sensiblement jusqu’à l’époque où les Rákótzi embrassèrent le catholicisme. Alors les jésuites