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et des maisons basses. Des troupeaux de bœufs et de buffles s’y promènent en maîtres. Quelques hôtels construits par la noblesse avant son émigration rappellent l’ancienne splendeur de la ville. On voit circuler au milieu des graves piétons quelques patriarcales voitures de forme ancienne. Ce n’est ni l’aspect aristocratique de Clausenbourg, ni la physionomie bourgeoise des petites villes saxonnes. Vásárhely, qui s’est élevé en partie sur une côte, renferme une citadelle hors de service, et quelques églises dont on voit briller çà et là les clochers de métal. On y arrive en traversant une grande plaine arrosée par la Maros et toute semée de tabac.

Les habitants possèdent une bibliothèque qu’ils montrent avec orgueil. Elle a été fondée par le comte Samuel Teleki, chancelier de Transylvanie dans les premières années de ce siècle. C’était un homme de grands talents, qui avait commencé lui-même son éducation assez tard, et qui s’était acquis une instruction aussi profonde que variée. Le catalogue de sa bibliothèque, qu’il a écrit en 1796, est une appréciation savante des travaux de l’antiquité. Il possédait jusqu’à soixante mille volumes, qu’il a légués à la ville de Vásárhely, avec une somme destinée à l’achat de livres nouveaux et aux appointements des employés. Je visitai la bibliothèque à la fin du jour, au moment où elle venait d’être fermée. Trois volumes restaient encore sur la table. J’eus la curiosité de les ouvrir avant que le gardien les re-