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passer. Parfois encore on voit s’agiter l’eau du lac, et un paysan aux longs cheveux, debout dans le tronc creusé qui lui sert de barque, glisse lentement entre les roseaux. Plusieurs de ces lacs, comme celui de Gyeke, sont larges et limpides. Le plus fameux est le lac Hódos, « des Sarcelles », qui a la forme d’un sabre turc.

Cette étrange contrée est d’une fertilité admirable. Un cavalier disparaît dans le maïs. Le paysan, outre ses champs, possède toujours de beau bétail. Cependant il se plaint de n’être pas favorisé. Pendant dix mois de l’année les chemins, formés sur des pentes, sont presque impraticables. C’est à grand’peine qu’il porte ses denrées à Maros Vásárhely, le seul lieu voisin où se se tienne un marché considérable, le seul lieu aussi où les montagnards sicules viennent vendre leur blé. Par suite de l’isolement où ils sont condamnés à vivre, les habitants ont conservé plus fidèlement qu’ailleurs les traditions, les mœurs, les costumes, tout ce qui enfin caractérise une nation. C’est ici qu’il faut voir danser les Caluser. C’est ici encore qu’on retrouve ces belles physionomies romaines qui donnent tant de caractère à la race valaque. Quand les autres paysannes se serviront des étoffes sorties des fabriques de Cronstadt, les Valaques de cette contrée porteront encore la toile brodée de leurs mains.

On a donné à tout ce pays un nom très expressif. On l’appelle Mezöség, En hongrois, la terminaison ság ou ség est particulière au substantif. Szep, beau ; Szépség,