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eux, qui servit à leurs besoins extérieurs. Celle qu’ils adoptèrent fut la nôtre. Elle fut parlée de bonne heure en Hongrie, et se répandit surtout à l’époque où les empereurs cherchaient à propager l’allemand. C’est en français que les Hongrois répondent aux mensonges officiels des historiens impériaux. La vie du comte Emeric Tököli, cet ardent ennemi de l’Autriche, est écrite en français en 1693. C’est dans notre langue encore que ce héros aventureux se justifie, après le fameux siège de Vienne, de s’être uni aux Turcs. L’histoire de Martinuzzi, premier ministre de Transylvanie, de ce grand citoyen que l’empereur d’Autriche fit assassiner, parce qu’il ne pouvait le corrompre, est imprimée à Paris même en 1715 ; bien plus, ce livre est dédié au prince Rákótzi, alors réfugié en France, qui y est qualifié de « prince souverain de Transylvanie » . Plus tard, lorsque l’infortuné Rákótzi, après une lutte de dix ans contre l’Autriche, est forcé de céder à la fortune, c’est en français qu’il écrit sa défense, et celle du peuple hongrois, entraîné par lui dans la révolte[1].

En 1761, quand régnait Voltaire, un livre paraît tout à coup , qui s’attaque hardiment aux doctrines professées par tous, et ose défendre le christianisme : Sur la faiblesse des esprits forts, tel est son titre. Quel est cet

  1. Mémoires du prince François Rákótzi sur la guerre de Hongrie, depuis l’année 1703 jusqu’à sa fin.