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firent donc faire des vestes fort larges qui leur descendaient jusqu’aux genoux, et, par dessus, un autre habit auquel ils donnèrent le nom de juste-au-corps ; autour de leur cou ils mirent des cravates différentes de celles que nous portons en Hongrie, lesquelles, après avoir dût le tour du cou, attachées au dessous du menton, nous descendit jusqu’à la ceinture, au lieu que les Français les ont raccourcies et nouées avec un ruban de couleur fort large. On a pronostiqué avec beaucoup de raison que ce nouvel habillement fixerait l’inconstance de la nation française, et qu’elle ne quitterait pas sitôt cette mode, qui lui convenait de toute manière. »

Le comte Bethlen épuisa rapidement ses ressources. Il avait écrit à son père de lui faire tenir en France le plus d’argent possible, sans songer que les relations avec la Transylvanie étaient fort rares. Son orgueil commençait à souffrir. Aucun de ses brillants amis ne s’inquiétait de sa position, et d’ailleurs tous se ruinaient joyeusement : ils étaient hors d’état de lui rendre service. Ce fut alors que Bethlen trouva de tendres compensations aux peines qu’il avait ressenties dans son pays. Une mystérieuse protectrice, « qu’il n’ose pas nommer sans son aveu », lui témoigne le plus vif intérêt, l’aide de ses conseils et de sa bourse, et, s’armant de courage, le persuade enfin de partir. Le jeune étranger reconnaît la sagesse de cet avis ; mais, avant de dire adieu à la France, il va voir à Chantilly le prince de Condé.