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dame perd son second mari, et en prend un troisième.

Il était à Vienne quand la guerre éclata entre la Porte et l’Autriche. Léopold avait demandé des secours à Louis XIV ; et un corps de quelques mille grenadiers, auxquels s’était jointe une grande partie de la noblesse française que la paix laissait sans occupation, avait grossi les rangs des Impériaux. Le comte Bethlen fut témoin de la valeur des quatre mille Français qui, placés en avant-garde, défirent au passage de la Raab vingts cinq mille janissaires : il n’eut qu’à se louer de son commerce avec nos seigneurs, si bien que, se sentant du goût pour la France, il entreprit de visiter ce pays.

Il évita de traverser Vienne, craignant d’être arrêté en route, et prit son chemin par Venise. Dès son arrivée à Paris il rechercha les seigneurs français qu’il avait connue au camp, et en fut comblé d’amitiés. Il mena grand train comme eux pendant quelque temps, eut de brillants équipages, et s’habilla à la dernière mode, qui était alors la mode hongroise, car les cavaliers qui avaient fait la guerre des Turcs rapportèrent cette innovation. « Les seigneurs qui étaient venus en Hongrie, dit-il, avaient remarqué que notre habillement était moins embarrassant pour la guerre et pour monter à cheval, et qu’au lieu de pourpoints et de manteaux que l’on portait dans ce temps-là, notre façon leur serait plus commode : ils s’y conformèrent à leur retour, et renchérirent uniquement sur la magnificence. Ils se