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un chemin sans savoir où il devait nous conduire ; mais heureusement il nous mena droit au château de Bethlen, qui appartenait à un de mes oncles. Ce château, qui est assez commode, a quelques fortifications capables d’empêcher les Tatars d’en approcher. À peine y fus-je rendu, que la fièvre me prit très violemment : la fatigue que je venais d’essuyer n’y avait pas peu contribué, aussi bien que le froid que j’avais souffert dans l’étang qui nous avait si heureusement servi d’asyle, et l’épuisement de mes forces, ayant été plus de vingt-quatre heures sans manger. Patko plus robuste que moi, en fut quitte à bien meilleur marché : car il se mit à boire et à manger copieusement, et se refit en très peu de temps de toutes ses fatigues. »

Tout ceci n’est rien encore. Le péril auquel Bethlen s’était exposé devait exciter l’intérêt de la princesse, qui peut-être eût été touchée. Mais dès qu’il se trouve en lieu de sûreté, une brutale maladie vient le saisir et le retient prisonnier six mois durant Dans cet intervalle, la belle veuve, qui ne prenait pas au sérieux cette passion de jeune homme, avait épousé le comte Zolyomi. La nouvelle de ce mariage faillit mettre la vie de notre amoureux en danger. Dès qu’il eut repris courage, il résolut de quitter la Transylvanie. Son père approuva ce projet, qui fut aussitôt exécuté. Nous allons suivre notre héros en France ; mais commençons par dire que pendant le voyage l’inflexible