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nous trouvâmes dans une plaine qui nous aida beaucoup à nous orienter, aussi bien que l’aurore, que nous vîmes paraître. Nous nous déterminâmes à prendre un chemin que nous crûmes être celui de la ville de Bistritz, où nous aurions été hors de danger. Mais le sort ne nous fut pas assez favorable pour nous permettre de nous y rendre.

» Nous n’avions pas marché encore dans cette plaine pendant une heure, que nous entendîmes le bruit que faisaient les Tatars en sortant de la forêt, ce qui nous donna une frayeur trop bien fondée par l’impuissance où nous étions de trouver un asyle. Il fallut cependant faire de nécessité vertu, et chercher notre salut dans un grand étang qui se trouvait sur notre chemin. Nous résolûmes d’y entrer, et nous nous enfonçâmes dans l’eau jusqu’au cou, à l’abri des roseaux qui nous entouraient, n’ayant précisément que la tête hors de l’eau : encore Patko nous la couvrit-il avec des roseaux qu’il coupa, afin que nous ne fussions pas aperçus. Cette précaution était d’autant plus nécessaire, que les Tatars vinrent abreuver leurs chevaux, après quoi ils allèrent faire leurs courses, et nous donnèrent le temps de respirer.

» Lorsque nous les eûmes perdus de vue, nous sortîmes de notre humide retraite si mouillés et si morfondus, que je n’aurais pas pu faire un pas, sans la crainte que j’avais de retomber entre leurs mains. Nous prîmes