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gue qu’ils essuient pendant la journée. Si j’avais un couteau, continua-t-il, je vous mettrais bientôt en liberté. Je lui dis que je n’en avais point. J’en ai bien deux, me répondit-il, dans une gaîne que j’ai mise dans une de mes bottines ; mais je ne puis y atteindre, garrotté comme nous sommes. »

» C’est la coutume de tous les cavaliers hongrois de porter, passée dans leur ceinture, une double gaîne où ils mettent deux couteaux et une fourchette à deux fourchons, dont ils se servent très adroitement pour couper leurs viandes quand ils sont à table. Patko, qui était plus grand et plus gros que moi, ne pouvant pas atteindre jusqu’à sa bottine pour en tirer cette gaîne, me pria d’essayer si je ne pourrais pas la tirer de mon côté. Je fis donc des efforts malgré la douleur que me causaient les cordes dont j’étais lié, et qui étaient, comme je viens de le dire, fort serrées. Enfin, supportant cette douleur avec toute la constance dont je fus capable, je parvins à porter ma main jusque dans sa bottine, et je fus assez heureux pour en tirer cette gaîne fortunée avec les couteaux qui devaient bientôt nous procurer notre liberté. Patko prit bien vite un des couteaux, dont il coupa aussitôt nos liens. Cette opération ne fut pas plus tôt faite, que je crus qu’il ne songerait, aussi bien que moi, qu’à prendre la fuite au plus vite ; mais ayant aperçu une épée longue et fort raide, que nos Tatars portent d’ordinaire sous leur cuisse lorsqu’ils