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Les voix se meurent de piété. Syllabes latines, langue aimée.


De loin me parvient la Voix de l’Évangile, la voix même des colonnes. Ondes pures des voix féminines, enfantines : les voix des enfants de chœur.


Et la messe se poursuit en silence. Puis, le prêtre reprend la parole et je reconnais avec joie la langue sonore de Rome.


L’orgue produit un court bouleversement. Foule de voix encloses sous de grandes vagues qui montent. — Ah ! Mozart, voilà tes maîtres !

Art adorable, cher à mon âme ! L’orgue assemble, relie nos pensées éparses ; puis il perce et domine tout. Et des voix encore s’élèvent et se dispersent. Délire religieux.


Foi nouvelle : Amen ! In sæcula sæculorum !


Surhommes modelés par la prière : ils implorent avec les mélodies d’Adonis. Le monstre Géryon, qui mugit dans l’orgue, répond à leurs questions.


Grand moment. Des anges de Byzance encensent.

L’amour répond encore : Credo. Ah ! Tout est amour ici ! L’orgue semble jeter des fleurs sur la route. Quelle pureté vivante !


Les dernières syllabes sont tombées. De petites cloches s’agitent. Et le monstre rugit encore. Par intervalles, entre des clameurs, retentit la douce voix des chantres.

Quelle soumission dans cet Amen qui se prolonge !


La voûte est encore plus haute maintenant : immense.

Crescendo. Voix pure, ultra-céleste.

Ah ! oui, quelle gloire de soumettre notre esprit à la règle qui peut le remodeler ! Face émouvante du passé…

L’église maintenant enveloppe, cerne l’assistance.