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La Messe (Cathédrale de Limoges).

Les prières par lesquelles commence la Messe font le bruit de l’eau dans les bassins, — de l’eau purificatrice. Elles se récitent sur un seul ton, avec des effacements. Quel éclat, tout à l’heure, quand arrivera Dieu !


L’enfant de chœur : harmonie angélique, ou chant imité du rossignol.


Puis les accents bondissent pour rejoindre musicalement la voûte architecturale. La musique et l’architecture se rencontrent, s’entre-croisent, s’unissent en élégantes mélodies.


Enfin, la Majesté suprême vient d’entrer.

Trinité. Mystère.


Le prêtre parle, maintenant, d’une voix plus sévère, et tout le temple lui répond.


Un nouveau chant s’élève, balancement plus fort : l’amour s’exprime plus haut. Tout m’arrive régulièrement, comme un lointain mouvement de la mer. Les antiennes ouvrent et soulignent le mystère. L’orgue, avec des accents enveloppés, soutient les voix.


Les triangles de feu de l’autel disent : Alléluia !


La scène s’ouvre. Ah ! quelle naïve grandeur !


Les ombres, les creux passent devant moi, sombres encore ; mais l’église n’est plus terrible comme elle était avant que ne commençât l’office. C’est la domination de la prière, dans une sévérité superbe. Mon âme ne va plus par bonds. Elle se régularise, comme un centaure qui se contient et se gouverne lui-même.