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Il est certain que l’art byzantin se rattache à l’Inde, à la Chine. Le Roman en reste marqué.


Il n’y a de noir, dans le Roman et dans le Gothique du XIIIe, que par les traits de force, dans les draperies. Avec quelle intelligence sont répartis ces noirs peu nombreux !


Il y a, dans la première Renaissance, une profusion de petits ornements — inutiles, est-on tenté de dire. C’est la générosité d’un cœur riche, qui n’économise pas. Elle ne choisit pas le marbre et l’or pour s’exprimer, elle se contente de la pierre et l’envoie jusqu’aux voûtes en broderies qui festonnent. L’art, à son matin, n’a pas besoin de la richesse. La chapelle Michel-Ange, à Florence, tue la chapelle des cardinaux.


C’est quand l’âme blessée commence à souffrir des approches du soir qu’elle emploie la matière riche. Ainsi la seconde Renaissance.

Le bois, la pierre ont précédé le bronze. Le marbre de couleur, le lapis, les pierres précieuses apparaissent quand déjà est dépassée l’époque de la haute expression.


Chandeliers, candélabres qui portent de haut la lumière, feuilles qui accompagnent, revêtent, lèchent la forme générale de l’édifice, dentelles qui s’étagent, stalactites qui tombent du ciel, — cage délicieuse délicieusement ornée, toujours avec méthode, avec cette même et unique méthode grâce à laquelle le fils continue l’ancêtre, le style suit le style, l’acquis nouveau découle de l’ancien, le destin s’épanouit, l’homme obéissant ne se risque pas à chercher du nouveau, mais poursuit le mouvement séculaire : tout coule d’un siècle à l’autre comme un fleuve de beauté, sans remous, sans cascades, sans violences, sans désorganisation ; le mot « originalité » n’a pas encore été trouvé, l’idée même que traduit ce mot n’existe dans aucun esprit ; l’artiste suit le développement logique du beau et ne sort pas du