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qu’elle peut le plus plausiblement espérer d’atteindre les sensibilités et les consciences : ces rites, du reste, qui comportent les sacrements, sont de pratique obligatoire, et, très démocratiques de caractère, exigent la participation active de la foule des fidèles au sacrifice dont aucun regard profane ne doit offenser la sainteté.

Le premier soin de l’Église sera donc d’offrir à la parole de ses prêtres, aux cérémonies de son culte, à la piété de ses fidèles, un abri.

Inexpérimentée en la matière, car elle n’a guère fait jusqu’alors que des tombeaux et c’est la Maison de Vie qu’il s’agit d’édifier, l’Église ne refuse pas le conseil de la civilisation qu’elle vient de détruire. Elle s’inspire à la fois et des maisons privées, où se réunissaient souvent les premiers chrétiens quand ils osaient s’évader pour quelques heures des catacombes, et des thermes romains, et des basiliques romaines. C’est à celles-ci qu’elle empruntera le modèle général de ses constructions, en négligeant pourtant de leur demander le secret de leur solidité, la recette de l’établissement des voûtes, peut-être n’osant pas, peut-être ne pouvant pas encore se risquer en de si savants travaux.

Elle trouve dans la basilique ce qui lui est le plus immédiatement nécessaire, un grand espace couvert, où les officiants et les fidèles soient respectivement à l’aise pour l’accomplissement des rites. Les destinations originelles de l’édifice l’avaient déjà divisé selon un ordre et des proportions très convenables à son utilisation nouvelle. Palais de justice et Bourse de commerce à la fois, il se composait, on le sait, d’une abside, où se réunissaient les juges et les justiciables, et d’une nef, où se rencontraient les marchands et leurs clients. Les prêtres ne changeront rien à cette disposition. Ils abandonneront presque toute la nef à la foule et se réserveront l’abside, qui deviendra le chœur et s’agrandira des dernières travées de la nef. On élèvera l’autel en avant de l’abside ; sous l’autel on creusera la Confessio, où seront conservées les reliques des saints et qui, dès le VIe siècle, deviendra la Crypte. Entre l’abside et la nef, le transept, à l’époque carolingienne, christianisera solennellement la basilique en lui donnant la forme de la croix. Et la plupart de ces premières églises auront des collatéraux, quelquefois doubles, surmontés de tribunes.

Aux Thermes, l’Église prendra le modèle architectural de ses baptistères.

De la maison antique, elle conservera l’atrium, précédé du narthex, ouvert sur la basilique, ou du porche, ouvert sur le monde extérieur.