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Il semble que l’on marche dans une forêt, la nuit, sous des arbres d’hiver. Des lueurs s’amoncellent dans les entre-colonnements, dessinent des courbes, s’entre-croisent ; et pourtant on reste perdu dans l’obscurité. Je le répète, si l’on ne conservait le sentiment des ordonnances, des perspectives esquissées par la lumière errante, la peur serait invincible.

Le haut du monument est marqué par des traînées grises et longues. Dans le bas filtrent des lueurs. Et j’ai beau m’acharner, je ne découvre rien, je me heurte au mur impassible, au mur sublime où n’apparaît aucun détail ; il m’impose toutefois la sensation du modelé. Le matin révélateur — quand le monstre cessera de dormir — nous dira quels voiles, quels triples voiles nous cachaient le spectacle dont je pressens la splendeur. Pour le moment, je dois autant à mon imagination qu’à mes yeux. Je suis devant un masque impénétrable.


La petite lumière qui se déplace, pas à pas, évoque l’idée d’un crime, — une lanterne sourde accompagnerait ainsi les pas d’un criminel…


Le génie de l’homme triomphe dans la création des arcades. D’où lui viennent-elles ? de l’arc-en-ciel, peut-être !


Transept.

Il me semble voir l’escalier de Chambord développé en de vastes proportions. Des spirales passent dans les hauteurs. Des ponts se dessinent dont les bases plongent dans l’ombre de la croix du transept.


Ces grandes roses, les vitraux, ces soleils dans le jour, sont, dans la nuit, plus noirs que toutes les autres parties de l’édifice.

Les chapelles sont les alvéoles d’une ruche.


L’ombre aplatit les pilastres. Çà et là, des traînées moins noires. On distingue des formes qui s’étagent. La lumière confuse les masque sans régularité, surtout quand je regarde de trois-quarts. Reste la richesse imposante du gris, du noir.