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Il semble que certains vitraux s’inspirent de l’art japonais : ils sont précieux ; d’autres, de l’art chinois : ils sont austères.


Il faut que je revienne encore sur les cassures et les restaurations.

L’artiste n’a pas à s’inquiéter des cassures ; généralement, loin de diminuer, elles ajoutent.

Du moins elles ne dérangent jamais.

Ce sont les réparations qui produisent le désordre. Une cassure est toujours le fait du hasard : or, le hasard est très artiste. Si l’on voulait casser proprement et nettoyer, ce serait abominable. Aussi n’est-ce pas des iconoclastes que je me plains, mais des réparateurs.

Voyez la fontaine Renaissance de Mantes. Les gamins, depuis trois siècles, l’avaient abîmée : elle restait encore belle. Elle est réparée « bourgeoisement » : ce n’est plus qu’un stuc d’exposition, de jardin, style simili-pierre. Plus de modelés ; plus d’effets.

Les réparations des églises les dépouillent de leur style. Leurs chapiteaux deviennent mollasses et lourds. Elles prennent un caractère de mairies, de monuments municipaux. Toute leur forme, dans l’ensemble et dans le détail, est outragée, affligée.

Produits d’une France malade, d’une France ravagée par les soucis de l’intérêt, de cette France des écoles, où l’on parle et où l’on ne sait plus travailler.

La belle parure d’autrefois tombe, le masque d’autrefois est déchiré comme un beau voile. On ne sait plus…

Le mal vient des écoles, des musées. Il ne faut pas aller chercher la science dans les musées ; ils ne sont que pour notre plaisir. Si vous voulez vraiment apprendre, travaillez seul avec la nature, regardez-la directement, avec vos yeux seulement. Vous pourrez ensuite aller dans les musées, vous y serez chez vous. Ceux qui commencent par les musées resteront des copistes éternels, des traducteurs qui détruisent tout esprit, parce qu’ils ne peuvent comprendre, étant sans initiative.

Savez-vous ce que c’est que l’original, tel que nos contemporains l’entendent ? C’est le dépareillé. Les Anciens n’ont pas laissé naître cette conception barbare. La masse sainte de leurs nations n’a pas laissé atté-