Page:Auguste Rodin - Les cathedrales de France, 1914.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

a adoré le germe dans le chêne ; l’incarnation et la maternité, la jeunesse et la fécondité se réunissent en Marie, et nous adorons en elle la Mère et la Vierge en même temps.

Devant cette voussure de l’arc de Montjavoult, je comprends l’éloquence profonde de l’arc.

Dans ces cercles retombés sur ces consoles enroulées, il m’apparaît le satellite d’un astre. Les colonnes sur lesquelles il repose se présentent toujours si noblement ! Tout cela est contourné par une moulure fine comme des tracés grecs. Une frise plus à effet, une danse de plantes, de guirlandes échangées, est au-dessus.

Des corbeaux noirs sont fichés dans la moulure.

Ce n’est pas le Parthénon, c’est la gloire de la beauté française.

On distingue, en approchant, des détails délicieux. La divine Renaissance, qui n’avait pas l’idolâtrie de la métropole, faisait aussi beau pour les paysans que pour les Rois.

Je suis l’heureux témoin de ces merveilles. Elles me sont familières ; elles accompagnent mes pensées, mes admirations, mes journées.


Et quel effet aussi produisent ces chants qui viennent de l’intérieur pendant que je travaille au dehors ! Doux comme la belle nature de ce matin, comme une expression de paisible lenteur !


Harmonies toujours pareilles, concertées par les siècles et grandes comme un style qui ne change pas, qui organisa la vie d’un peuple et la prolonge. Grand peuple français, admirable encore par ses hommes de pensée, par ses artistes véritables qui brillent des mêmes lueurs que celles de ce soleil couchant !

0 mon pays, je t’aime, parce que j’aime ta flore, ta faune, tes siècles glorieux. Périras-tu ?… Non.

Le monde périra-t-il comme ont péri ces grands artistes qui ne nous parlent maintenant que par le langage des pierres ?

Au moins, tant que leur vie dure, ne nous rendons pas étrangers aux merveilles qui ont fleuri l’Occident ; elles ont toutes les délicates nuances du mystère et l’énergie du réel.