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II


LA NATURE FRANÇAISE


Les Cathédrales françaises sont nées de la nature française, dis-je.

On ne peut donc les comprendre, on n’a le droit de les aimer, que si l’on comprend et si l’on aime cette nature.

Comprendrez-vous, aimerez-vous Claude Lorrain, Corot, si vous ne sentez pas le paysage qu’ils ont compris, aimé, exprimé ?

Nous parlerons donc du Paysage avant de regarder le Tableau. Et, ce paysage, nous le chercherons en province, et dans les petites villes plutôt que dans les grandes, plutôt, surtout, qu’à Paris. La science et l’industrie ont vidé, déchiré Paris. Allons plus loin. La province garde encore un asile au goût, au style…


Entre le passé et le présent quel contraste !…

C’est une rue : d’un côté les maisons restées glorieuses de leurs années, nobles de lignes, modestes dans leurs proportions, très belles, et d’une puissance de séduction, sur moi, irrésistible ; et de l’autre côté, en face, on refait la rue « style Babel ». Pierres de carrière entassées les unes sur les autres, sans goût, sans mesure.

Comment ceci peut-il se produire auprès de cela ? On a le modèle sous les yeux et on ne le voit pas ? C’est qu’on refuse de le voir. L’homme qui construit les affreuses maisons nouvelles ne peut que détester les