Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Madame Bernier.

Vous êtes fou. Je n’ai pas plus envie d’épouser M. de Laroche-Pingoley que de m’aller pendre.

La Palude.

Alors pourquoi tolérez-vous ses assiduités compromettantes ?

Madame Bernier.

Parce qu’il est fort aimable, beaucoup plus aimable que vous, parce que je ne peux pas l’empêcher d’aller dans les endroits où je vais et où vous n’allez pas ; parce qu’enfin si ses assiduités compromettent quelqu’un c’est lui et non pas moi.

La Palude.

Cependant le bruit de votre prochain mariage court partout.

Madame Bernier.

Laissez-le courir, quand il sera fatigué il se reposera.

La Palude.

Prenez garde aux mauvaises langues.

Madame Bernier.

Elles ne sont pas assez maladroites pour me prêter un amant de cinquante ans peut-être ?

La Palude.

Vous ignorez donc qu’à Paris l’invraisemblable est le ragoût de la calomnie ? Elle ressemble au lion de l’Évangile : quærens quem devoret… cherchant quelqu’un à manger.

Madame Bernier.

Qu’à cela ne tienne, elle mangera le marquis : ce sera