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nage, ils quittent les arbres et se hasardent jusque dans les étables et autour des tas de blé, pour se procurer de la nourriture. Durant la fonte des neiges, ils voyagent à des distances extraordinaires ; et il est inutile alors de chercher à les suivre, car pas un seul chasseur n’est de force à tenir le pas avec eux. Ils ont une manière de courir en se jetant de çà et de là et en se dandinant, qui, si gauche qu’elle paraisse, ne leur permet pas moins de devancer tout autre animal ; souvent, quoique monté sur un bon cheval, il m’a fallu renoncer à les atteindre, après une poursuite de plusieurs heures. Cette habitude de courir, sans s’arrêter par tout temps pluvieux ou très humide, n’est pas particulière au dindon sauvage, mais commune à tous les gallinacés. En Amérique, les différentes espèces de perdrix montrent la même disposition.

Au printemps, quand les mâles sont devenus si maigres, pour avoir trop courtisé les femelles, il arrive quelquefois qu’en plaine et à champ ouvert, ils sont gagnés de vitesse par un chien rapide ; cas auquel ils se foulent et se laissent prendre par le chien, ou le chasseur qui l’a suivi sur un bon cheval. On m’a parlé de ces chasses, mais je n’ai jamais eu le plaisir de m’y trouver moi-même.

Les bons chiens éventent ces oiseaux, quand ils sont en grandes troupes, à des distances surprenantes, je crois ne pas exagérer en disant à un demi-mille. Si le chien sait bien son métier, il s’élance à plein galop et sans rien dire, jusqu’à ce qu’il aperçoive le gibier ; alors, donnant aussitôt de la voix, il pousse aussi prompte-