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assourdissants glouglous. Si l’appel de la femelle vient d’en bas, immédiatement tous les mâles volent vers la terre ; et, du moment qu’ils s’y sont posés, que la femelle soit ou non en vue, ils étendent et dressent leur queue, ramènent leur tête en arrière sur les épaules, rabaissent leurs ailes comme par un mouvement convulsif, se pavanent, de çà et de là, de leur air le plus majestueux, tout en émettant de leurs poumons une suite non interrompue de puffs, puffs, et s’arrêtant de temps à autre pour écouter et regarder. Mais toujours, qu’ils aient ou non aperçu la femelle, ils continuent à piaffer, pouffer, et à se mouvoir avec autant de célérité que leurs prétentions à la cérémonie semblent toutefois le permettre. Pendant qu’ils sont ainsi occupés, les mâles se rencontrent souvent l’un l’autre ; alors ils se livrent des batailles désespérées qui finissent dans le sang, et fréquemment par la perte de plusieurs vies. Malheur aux faibles ! ils tombent bientôt sous les coups répétés que les plus forts ne manquent pas de leur asséner sur la tête.

Maintes fois, observant deux mâles engagés dans un rude combat, je me suis amusé à les voir, tantôt avançant, tantôt reculant, selon que l’un ou l’autre avait meilleure prise, les ailes pendantes, la queue à moitié relevée, toutes les plumes hérissées sur le corps, et la tête couverte de sang. Si, pendant qu’ils bataillent ainsi, et qu’ils cherchent à reprendre haleine, l’un d’eux vient à lâcher, il est perdu ; car l’autre, tenant toujours bon, le frappe violemment à coups d’éperons et d’ailes, et en quelques minutes l’étend par terre. Du moment