Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/350

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le repas fini, les vautours gagnent graduellement les plus hautes branches des arbres voisins, et y restent jusqu’à complète digestion de tout ce qu’ils ont englouti. Seulement, de temps en temps ils ouvrent les ailes, soit à la brise, soit au soleil, pour se rafraîchir ou se réchauffer. Le voyageur peut passer au-dessous d’eux sans qu’ils y prennent garde ; ou, s’ils le remarquent, ils ne font que semblant de s’envoler, et l’instant d’après replient doucement leurs ailes, vous regardent passer, et ne se mettent en mouvement que lorsque de nouveau la faim les pousse. Cela dure souvent plus d’un jour ; ensuite on les voit partir les uns après les autres, et d’ordinaire seul à seul.

Alors ils montent à une immense hauteur, traçant avec autant de grâce que d’élégance des cercles variés, au travers des airs ; parfois, ramenant légèrement leurs ailes, ils s’élancent obliquement avec une grande force, parcourent ainsi des centaines de verges, s’arrêtent, puis reprennent leur majestueux essor, s’élevant jusqu’à ne paraître plus que des points dans l’espace ; et on les voit s’éloigner définitivement, pour chercher ailleurs leurs moyens ordinaires de subsistance.

J’ai entendu dire, pour prouver que les busards sentent leur proie, que ces oiseaux ordinairement volent contre le vent ; quant à moi, je regarde comme certain qu’ils n’en agissent ainsi que parce qu’il leur est plus aisé de se soutenir au vent, quand ils en rencontrent un courant modéré, que lorsqu’ils volent devant lui. Mais j’ai vu si souvent ces oiseaux prendre chasse sous l’effort d’une violente brise, comme s’ils se jouaient