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à leur portée ; jeunes canards, dindons et poulets étaient pour eux une tentation si continuelle, que le cuisinier, ne pouvant veiller sur eux, les tua l’un et l’autre, pour mettre un terme à leurs déprédations.

Pendant que je tenais mes deux jeunes vautours en captivité, il se présenta, relativement à un vieil oiseau de la même espèce, un cas assez intéressant, et que je désire vous faire connaître.

Ce dernier, planant par hasard au-dessus de la cour, au moment où j’expérimentais avec ma perche et mes écureuils, aperçut la proie et s’abattit sur le toit d’un hangar, près de la maison ; de là il descendit par terre, se dirigea tout droit vers la cage et s’efforça d’attraper la viande qu’il voyait dedans. Je m’approchai avec précaution, il recula un peu ; mais quand je me retirai, il revint ; et à chaque fois mes deux captifs manifestaient le plus vif empressement envers le nouveau venu. Je donnai l’ordre à quelques nègres de le pousser doucement vers l’étable et de tâcher de l’y faire entrer, mais il ne voulut pas. Enfin, après plusieurs tentatives, je parvins à l’enfermer dans cette partie de la genièvrerie[1] où l’on dépose les graines de coton ; et là je le pris. Comme je le reconnus bientôt, le pauvre oiseau était devenu si maigre, que c’était uniquement à son état de misère que j’avais dû de pouvoir m’en emparer. Je le mis en cage avec les jeunes, qui, tous deux, commencèrent à sauter autour de lui et à lui faire accueil, en gesticulant de la façon la plus grotesque ; mais le

  1. Gin-house.