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à trouver soit mâle, soit femelle, pour lui aider à les nourrir.

Le corbeau peut être considéré comme un oiseau qui aime à vivre en société, puisque après la saison des œufs, il s’en rassemble des troupes de quarante, cinquante et plus, comme j’en ai vu sur la côte du Labrador et sur le Missouri. Quand il est apprivoisé et traité avec bonté, il s’attache à son maître, et le suit avec toute la familiarité d’un fidèle ami. Il est capable d’imiter la voix humaine, à ce point que certains individus ont appris à prononcer quelques paroles, et très distinctement.

Sur la terre, le corbeau s’avance d’un air imposant ; ses mouvements annoncent une sorte de réflexion et d’importance qui va presque jusqu’à la gravité. En marchant, il donne fréquemment de petits coups d’ailes comme pour se maintenir les muscles en action. Je ne sache pas en avoir jamais vu dont l’habitude fût de percher dans les bois, bien qu’ils se posent volontiers sur les arbres, pour y chercher des noix et d’autres fruits. Mais où ils aiment à passer la nuit, c’est sur les rochers escarpés, dans des lieux à l’abri des vents du nord. Doués, selon toute apparence, de la faculté de pressentir la saison qui s’approche, ils quittent, aux premières annonces de l’hiver, les hauts lieux, sombres et sauvages retraites où ils nichaient, pour gagner les basses terres, et c’est alors qu’on les voit, au long des rivages de la mer, saisissant les mollusques et les petits crustacés, à mesure que la marée se retire.

Ils sont vigilants, industrieux, et quand la sûreté de