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par l’éclat phosphorescent de gros troncs d’arbres tombés de vétusté et qui gisaient dans toutes les directions. Qu’il serait aisé, me disais-je en moi-même, pour l’esprit confus et troublé d’une personne égarée au milieu d’un marais comme celui-ci, de s’imaginer, dans chacune de ces masses lumineuses, quelque être fantastique et redoutable dont la seule vue lui ferait dresser les cheveux sur la tête ! Cette pensée de me trouver moi-même dans une pareille situation me serra le cœur ; et je me hâtai de rejoindre mes compagnons, auprès desquels je me couchai et m’endormis, bien assuré qu’aucun ennemi ne pourrait nous approcher sans éveiller les chiens, qui pour le moment en étaient encore à se disputer et à grogner sur la carcasse du couguar.

À la pointe du jour, nous quittâmes notre camp, le pionnier emportant sur son épaule la dépouille du défunt ravageur de son troupeau. Nous revînmes d’abord sur nos pas pour prendre nos chevaux, que nous retrouvâmes à peu près à la même place où nous les avions laissés. Ils furent promptement sellés, et nous partîmes au petit trot, en ligne droite, guidés par le soleil, en nous félicitant l’un l’autre de la destruction d’un voisin aussi redoutable que la panthère. Bientôt nous arrivâmes à la cabane de mon hôte, qui offrit à ses amis quelques rafraîchissements, tels que ses moyens le lui permettaient ; puis ils se séparèrent, pour s’en retourner chacun chez eux ; et moi, je pus continuer le cours de mes recherches favorites.