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est détruite par le feu, ce qui ensuite repousse spontanément est d’une essence toute différente. — J’arrêtai de nouveau mon hôte pour lui demander s’il pouvait me dire de quelle manière le feu était mis ou prenait ainsi pour la première fois.

Ah ! monsieur, me répondit-il, il y a là-dessus divers avis : on pense généralement que c’est un coup des Indiens, soit pour pouvoir tuer du gibier plus à leur aise, soit pour se venger de leurs ennemis les Faces pâles. Mais mon opinion à moi n’est pas telle, et je la puise dans mon expérience comme habitant des bois : j’ai toujours cru que le feu prenait par la chute accidentelle d’un tronc contre un autre ; il suffit, pour l’allumer, du simple frottement, surtout quand ils sont, comme il arrive souvent, couverts de résine. Dans ce cas, les feuilles sèches sur le sol commencent à s’enflammer, puis les brindilles et les branches, et dès lors il n’y a plus que l’intervention du Tout-Puissant pour en arrêter les progrès.

Quelquefois l’élément destructeur, porté par les vents, s’approche avec tant de rapidité de nos pauvres cabanes, qu’il est difficile à leurs habitants de lui échapper. En effet, dans certaines parties de nos bois, des centaines de familles ont été obligées de fuir de leurs demeures en laissant tout ce qu’elles avaient derrière elles ; et il est même arrivé que plusieurs de ces fugitifs effarés ont été brûlés vifs.

À ce moment, une bouffée de vent s’engouffrant au haut de la cheminée, repoussa les flammes dans la maison. La femme et la fille, s’imaginant que les bois