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le revoyait auprès d’elle, lui désignant ses fautes sur son cahier, leurs deux têtes si rapprochées qu’elles se heurtaient parfois. Il disait en riant : « Tu sais, ma fille, je ne suis pas savant du tout, mais ce que je t’apprends pourra tout de même te servir plus tard. » Aujourd’hui, comme hier, la petite table toute tachée d’encre et encombrée de livres et de cahiers occupe la meilleure place dans la pièce. Le soleil l’éclaire et pénètre en plein dans son tiroir resté ouvert. Longtemps Valserine la regarde ; puis, brusquement, elle la repousse dans l’ombre. Elle en a fini avec la classe. À présent l’atelier va commencer. Cette idée faisait monter en elle une colère qu’elle ne songeait pas à réprimer, et qui lui faisait heurter rudement les objets, tandis qu’elle nettoyait la maison et mettait de l’ordre partout.

Une tourterelle apprivoisée qui arrivait du bois pour une caresse et une friandise, selon son habitude, lui rendit soudain toute sa douceur. Elle retint un long moment l’oiseau dans ses deux mains. Elle aurait voulu lui dire, comme à une amie, toute sa peine ;