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certaine. L’idée ne leur vint pas de supprimer seulement quelques branches, ils ne songèrent qu’à déplacer au plus vite les deux coupables pour les mettre dans un endroit où, selon eux, ils pourraient grandir sans dommage pour leurs voisins et continuer à prêter leur ombre si pure et si douce. Cela ne se fit pas sans difficulté ni maladresse, les arbres étant déjà tellement attachés à la terre. Ils ne semblèrent pas souffrir tout d’abord de cette transplantation hâtive, gardant leur souplesse et tout l’éclat de leur jeune force. Le jardinier riait en les regardant :

— Ils ont la vie dure, disait-il.

Mais, le printemps venu, ils restèrent sans pousses nouvelles. Et, l’été fini, ils ne furent plus que deux gros bâtons plantés de travers et piqués de maigres rameaux conservant à leur faîte quelques feuilles sèches de l’année d’avant.

Nestin et Nestine, un peu dépités, les jetèrent sur les fagots. Cela ferait du menu bois pour allumer le feu.

À cet instant seulement le souvenir leur revint de l’emploi qu’ils avaient espéré en faire.