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d’abord. Pourtant, comme les cris et les rires redoublaient, ils se décidèrent à aller voir ce qui se passait au bout de leur clos. Et là, avec une surprise sans pareille, ils virent l’arbre bossu entouré par une douzaine de gamins aux culottes relevées jusqu’aux hanches et dont les tabliers formant sacs étaient déjà pleins de fruits cueillis aux basses branches. L’un d’eux à la mine hardie, juché sur la bosse même du néflier, choisissait et mangeait les plus beaux dont il jetait, par taquinerie, les menus noyaux sur la tête de ses camarades.

Nestin et Nestine regardaient et ne comprenaient rien à ces fruits qu’ils voyaient maintenant fondre dans la bouche des enfants et s’écraser dans leurs doigts que beaucoup suçaient comme s’ils étaient pleins de confiture.

Un homme qui réparait le barrage d’une rigole dans le pré d’en face, et qui s’amusait du tapage et de la gourmandise des gamins, dit aux deux vieux tout en riant :

— Si vous aimez les nèfles, vous ferez bien de vous dépêcher d’en cueillir, car ces galopins-là auront tôt fait de tout emporter.

Nestin et Nestine se regardèrent. « Des