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Marie se tut en attendant un mot de sa mère. Mais Mme Pélissand restait le front courbé et l’air têtu. Alors Marie continua :

— Moi, j’ai fait mon devoir en restant avec toi, feras-tu le tien en refusant ce mariage pour ne pas me laisser seule ? Parle, maman, qu’as-tu à me répondre ?

Mme Pélissand haussa soudain la voix en regardant sa fille :

— Je me marierai parce que je ne veux plus rester avec toi.

Marie ouvrit de grands yeux et demanda, en avançant son visage près de celui de sa mère :

— Pourquoi ? Qu’as-tu à me reprocher ?

— Beaucoup de choses.

— Dis-les, maman.

Mme Pélissand reprit son air têtu en répondant :

— Tu es plus intelligente et plus savante que moi. Tu restes des heures à rêver à des choses que tu ne dis pas et quand nos amis viennent nous voir, tu parles toujours avec les hommes et je ne comprends rien à ce que vous dites. C’est toi qui choisis mes livres et si je