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dans la vallée, on distinguait déjà les maisons blanches de Mijoux. Valserine reconnaissait facilement parmi elles la petite maison carrée des douaniers. Elle n’était jamais passée devant sans éprouver un peu de terreur, depuis qu’elle savait que son père faisait la contrebande. Tout au fond de la combe on voyait briller le ruisseau La Valserine. Il coulait, paisible et frais, tout en replis et détours, et semblait un être vivant se promenant à son gré parmi les herbes. Valserine ferma encore une fois la porte de sa maison ; mais avant de s’éloigner elle lança de toutes ses forces le cri d’appel que le contrebandier connaissait si bien, et auquel il avait souvent répondu ; mais ce cri resta sans réponse, comme celui de la veille, quoiqu’il fût répété par l’écho. Et Valserine, sans plus s’en inquiéter, gagna la haute montagne par des chemins qu’elle connaissait depuis toujours.

Le soleil dominait tout lorsqu’elle atteignit le mont Rond, d’où elle pouvait voir tout ce qui venait d’en bas vers elle. Jamais la plaine de Gex ne lui avait paru aussi étendue, ni aussi barrée de haies. Et le lac qui terminait