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que je tenais le panier de fruits qu’il avait sur les genoux, il glissa ses volailles sous la banquette.

Les canards n’étaient pas contents et cela s’entendait bien ; les poules baissaient la tête d’un air humilié et la femme du paysan leur parlait en les appelant par leur nom.

Quand je fus assise et que les canards se furent calmés le voyageur qui me faisait face demanda au paysan s’il portait ses volailles au marché.

— Non, Monsieur, répondit l’homme, je les porte à mon garçon qui va se marier après-demain.

Sa figure rayonnait : il regardait autour de lui, comme s’il eût voulu montrer sa joie à tout le monde.

Les autres voyageurs prêtaient attention et semblaient eux-mêmes tout joyeux en l’écoutant. Seule, une vieille femme enfoncée dans trois oreillers, et tenant deux fois sa place, se mit à maugréer contre les paysans qui encombraient toujours les wagons.

Le train commença à rouler et le voyageur qui avait parlé allait se mettre à