Page:Audoux - La Fiancée, paru dans Le Figaro, 24 avril 1909.djvu/4

Cette page a été validée par deux contributeurs.

donc, mademoiselle, je vais les ôter de là », et, pendant que je tenais le panier de fruits qu’il avait sur les genoux, il glissa ses volailles sous la banquette.

Les canards n’étaient pas contents et cela s’entendait bien ; les poules baissaient la tête d’un air humilié et la femme du paysan leur parlait en les appelant par leur nom.

Quand je fus assise et quand les canards se furent calmés, le voyageur qui était en face de moi, demanda au paysan s’il portait ses volailles au marché.

— Non, monsieur, répondit l’homme, je les porte à mon garçon qui va se marier après-demain.

Sa figure rayonnait ; il regardait autour de lui comme s’il eût voulu montrer sa joie à tout le monde.

Une vieille femme qui était enfoncée dans trois oreillers et qui tenait deux fois sa place, se mit à maugréer contre les paysans qui encombraient toujours