Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la regardait, la fille de Marc, il la regardait de tous ses yeux.

Les heures passaient. Minuit déjà s’était enfui, sonné deux fois à l’horloge d’en bas. Dans cette nuit limpide aucun bruit ne venait du verger, pas même un froissement de feuilles. Au loin seulement un chien aboyait. Il aboyait sans méchanceté, avec un léger hurlement d’ennui. Peut-être voulait-il faire peur à la lune dont l’éclat trop vif l’empêchait de dormir.

Et soudain, dans le silence d’alentour, monta de nouveau un faible et très doux roucoulement. Le père Lumière prêta l’oreille, croyant s’être trompé. Non, il ne s’était pas trompé, car Églantine avait entendu aussi malgré son sommeil ; et déjà elle se redressait, le visage tourné vers le lit. Elle se mit debout, frissonna de tout son corps, s’appuya un instant à la commode. Et, lentement, silencieusement, le malade la vit venir à lui. Elle se pencha sur lui, si près qu’il sentît son souffle sur sa joue.

Oh ! ce souffle frais de jeune fille, comme il regrette d’en avoir privé si longtemps son vieux visage. Tranquillisée, Églantine s’en va vers la fenêtre dont elle soulève le rideau. Et cette fois le père Lumière voit bien que la tête aux lourds cheveux ne dit