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Tou, couché comme autrefois sur les jambes des jeunes gens, riait à sa manière. Il aboyait à petits coups, joyeusement, et sa langue passait rapide sur l’une ou l’autre main des deux amis. Ce fut de lui qu’on parla ensuite. Justement, ce matin même, il s’était fait à la patte une mauvaise coupure en longeant un chemin tout encombré de tessons, Églantine lui avait fait un solide pansement, mais il souffrait pour marcher et il avait bien fallu le porter un peu pour arriver à l’étang. Noël le taquinait comme il eut taquiné un enfant.

— Tu n’as pas honte, pour un bobo à la patte, de te faire porter par ta maîtresse ?

Mère Clarisse le défendit :

— C’est qu’il n’est plus jeune ! Il a onze ans passés. Douce le sait bien, puisque c’est elle-même qui l’a trouvé dans la mousse, le jour de sa rentrée chez son grand-père.

Après la vente de son bien, le père Lumière avait repris sa petite-fille, ne sachant pas comment il pourrait, dorénavant, payer pour la faire garder. Malgré les supplications de mère Clarisse, et malgré les pleurs de l’enfant, il avait exigé son retour immédiat et définitif au Verger. Toutes deux y revenaient par la sapinière, ainsi qu’elles en étaient parties. Et c’est en courant de-ci