d’intérêt. L’un d’eux, Bénoni, vieux marin de tout bateau comme de toute mer, parce qu’il voit Églantine attentive à ses paroles, n’a jamais fini de raconter. Il chante aussi ; mais le plus souvent, il chante une mélopée qu’il entrecoupe de longs silences, et qui semble faite à la mesure de sa voix comme à la mesure de ses gestes. Églantine l’accompagne en sourdine :
Là une s’en va
Ça ira
Là deux revient
Ça va bien
La jolie une
La jolie deux.
Lorsque les pêcheurs sont absents, Églantine
s’efforce de jouer avec les enfants. Elle
a pris en amitié le petit Tralala, ainsi que
le nomme Christine. C’est un joli enfant
de sept ans, menu de corps et de visage,
qui vient de perdre sa maman, et qu’on
voit chaque matin pleurer à chaudes larmes,
juché sur la quille d’un vieux bateau
renversé. Ce vieux bateau, avec sa chaîne
rouillée, ses planches vermoulues et décolorées,
semble la carcasse d’un grand pois-