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résonne comme de légers cris dans l’air de ce matin glacé. Puis plus rien.

Autour d’elle, un calme se fait, comme si la sapinière s’arrêtait de vivre dans la crainte de la voir mourir.

La douleur de sa tête augmente. C’est une langue de feu qui va de sa nuque à son front en léchant ses joues qu’elle rougit jusqu’à la brûlure. Cette langue de feu, elle la voit s’étirer. Est-ce qu’elle ne va pas s’éteindre ? Non, elle grandit au contraire, et touche les yeux qu’elle va brûler. Mais l’étang est là, miroitant au pied du vieux saule. Et tout de suite Églantine plonge. Elle n’a que ce moyen de faire cesser le feu qui s’est allumé dans sa tête. Remontée à la surface, elle nage, le feu est moins vif. Deux plongées encore, et le feu est éteint. Elle nage de nouveau, et sa pensée, qui s’était éloignée, revient tranquillement reprendre sa place.

Noël est parti. Que faire sans lui ? Il serait bon de mourir, aujourd’hui, dans cette eau froide et de dormir pour toujours, étendue parmi ces herbes qui se courbent devant elle. Mais comment pourrait-elle mourir ici ? Les herbes elles-mêmes ne sauraient la retenir. Noël ne lui a-t-il pas appris à les maîtriser ? Noël, toujours Noël !