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bliées — les gens sont si méchants ! — mais cela, je ne le peux pas.

Il répète plus bas :

— Non, je ne le peux pas.

Tou se glisse entre eux, il touche leurs vêtements d’une patte maladroite et gémit doucement. Un autre gémissement sort du vieux saule, un gémissement rude et sourd, et c’est comme s’il disait à Tou :

— Éloigne-toi, vieux chien ! Ta place, entre ces deux-là, est prise par le mensonge. Les chiens ne connaissent pas le mensonge. Ils ne savent pas qu’il est plus fort que la vérité. Ne le vois-tu pas tourner autour des deux que tu aimes, et les enserrer dans un filet aux mailles si fortes que ni l’un ni l’autre ne pourra les rompre ? Et toi, vieux chien, prends garde ! Parce que tu aimes trop, le mal te guette. Il ne faut pas aimer trop, Prends garde ! je te dis, voici que le mal vient à toi.

Noël dit encore :

— Je n’ai pas pu partir sans te revoir.

Il lui met la main sur la tête, respire péniblement et répète comme pour lui seul :

— Sans te revoir.

Brusquement elle s’accroche à lui et parle enfin :

— Écoute, écoute je vais te dire !