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profonde dans laquelle on avait mis des briques et du ciment. Il était grand et droit, et il étendait au loin ses branches vertes et touffues comme s’il voulait faire croire aux passants que le malheur ne l’avait jamais touché, mais si on s’arrêtait près de lui on apercevait le rouge des briques à travers le ciment craquelé, et cela faisait penser à une plaie vive que rien ne pourrait jamais guérir.

J’ai refermé la Bible et remis la table à sa place. Le rideau restera accroché à la gouttière du toit jusqu’à ce que le vent le rejette, et je continuerai à vivre malgré tout, afin qu’un autre ne porte pas le châtiment de ma faiblesse.

MARGUERITE AUDOUX.